Quand ‘Abdu’l-Bahá était à New York, il demanda à un bahá’í dévoué, Monsieur M, de venir lui rendre visite. « Si vous venez chez moi à l’aube demain matin, je vous apprendrai à prier. » Ravi, Monsieur M se leva à quatre heures du matin. Il traversa la ville et arriva chez ‘Abdu’l-Bahá à six heures, pour sa leçon. ‘Abdu’l-Bahá était déjà en prière, agenouillé près de son lit. Monsieur M décida de l’imiter et prit bien soin de se placer juste en face de lui. Voyant que ‘Abdu’l-Bahá était plongé dans ses prières, Monsieur M se mit à prier en silence pour ses amis et sa famille. Comme ‘Abdu’l-Bahá ne lui adressait pas un mot, Monsieur M récita toutes les prières qu’il connaissait. Il les récita deux fois, puis une troisième fois. ‘Abdu’l-Bahá demeurait toujours silencieux.

Monsieur M se frotta un genou et se mit à penser à son dos. Il recommença à prier mais, cette fois, il entendait les oiseaux chanter dehors. Une heure passa, puis une autre. Monsieur M avait le corps tout engourdi. Parcourant la pièce du regard, il remarqua une grande fissure dans le mur. Il l’observa avec un certain agacement, puis son regard se posa de nouveau sur ‘Abdu’l-Bahá, toujours immobile de l’autre côté du lit.

L’extase qu’il perçut en regardant ‘Abdu’l-Bahá prier lui fit oublier tout ce qui l’entourait. Tout à coup, il souhaita prier comme ‘Abdu’l-Bahá. Les désirs égoïstes de Monsieur M s’évanouirent. Il n’avait plus conscience que d’une chose : son désir ardent de se rapprocher de Dieu.

Fermant de nouveau les yeux, il cessa de penser au monde et, à son grand étonnement, son cœur s’emplit d’une joyeuse prière. ‘Abdu’l-Bahá lui avait appris à prier!

Le Maître se leva immédiatement et s’approcha de lui. Il posa un regard souriant sur un Monsieur M empreint d’une nouvelle humilité. « Quand tu pries, lui dit-il, tu ne dois penser ni à ton corps endolori, ni aux oiseaux qui chantent dehors, ni aux fissures dans le mur! »

Puis, d’un air sérieux, ‘Abdu’l-Bahá ajouta : « Quand tu désires prier, tu dois avant tout savoir que tu te trouves en présence du Tout-Puissant! »

Traduit et adapté de Annamarie Honnold, Vignettes from the Life of ‘Abdu’l-Bahá, p. 148-149


Durant neuf ans (1900-1909), le Dr Youness Afroukhteh eut le privilège de servir ‘Abdu’l-Bahá avec dévouement en tant que secrétaire, traducteur, messager et médecin.

Pendant les nombreuses années que j’ai passées auprès de ‘Abdu’l-Bahá, je me suis souvent demandé comment et par quels moyens ce Personnage béni parvenait à résoudre les multiples problèmes causés par les violentes tempêtes de l’adversité et des épreuves. Comment réussissait-il, tant pour les grandes que les petites choses, à faire preuve d’une telle dignité, d’un tel sang-froid, sans jamais perdre de vue la voie à suivre, comme s’il n’avait absolument rien d’autre à faire?

Par une nuit sombre, alors que ‘Abdu’l-Bahá arpentait le long couloir de la salle de réception pour se détendre et évacuer le stress d’une journée bien remplie, il me posa la question qui suit. J’étais alors seul avec lui et, pendant une heure, j’eus l’insigne honneur d’écouter ses célestes paroles.

« Savez-vous comment j’administre cette religion? »

Puis il dit : « Je tends fermement les voiles du navire et j’attache solidement les cordages. Je détermine ma destination puis, par la force de ma volonté, je tiens la barre et je mets le cap. Quelle que soit la violence de la tempête, quel que soit le danger qui menace la sécurité du navire, je ne change pas de cap. Je ne me laisse ni perturber ni décourager, je persévère jusqu’à ce que j’atteigne mon but. Si je devais hésiter ou changer de direction à la vue du moindre danger, l’Arche de la cause de Dieu n’arriverait sûrement pas à destination. »

Je pris dès lors la résolution de ne jamais me laisser envahir par une inquiétude ou un chagrin excessifs, mais de placer ma confiance en celui qui est le Bien-Aimé des cœurs, et de considérer tous futurs incidents ou accidents comme des occasions de me réjouir et d’être content car, de par leur nature, ils allaient contribuer au progrès de la Cause.

Traduit de Youness Afroukhteh, Memories of Nine Years in ‘Akká, p. 186-187


Une Américaine était en pèlerinage au début des années 1900. Un jour, ‘Abdu’l-Bahá lui dit qu’il était trop occupé pour rendre visite à un de ses amis qui était très pauvre et malade. Il lui demanda d’aller le voir à sa place. « Apporte-lui de quoi manger, lui dit-il, et occupe-toi de lui comme je le fais habituellement. »

Elle partit immédiatement pour faire ce que ‘Abdu’l-Bahá lui avait demandé. Elle était fière que ‘Abdu’l-Bahá lui ait confié une partie de ses responsabilités. Mais elle revint bien vite auprès de ‘Abdu’l-Bahá. « Maître!, s’exclama-t-elle. Vous ne devez pas savoir à quel endroit horrible vous m’avez envoyée! Je me suis presque évanouie à cause de l’odeur épouvantable, de la saleté des pièces et du piètre état de cet homme et de sa maison. Je suis vite partie avant d’attraper une terrible maladie. »

‘Abdu’l-Bahá la regarda d’un air triste et sévère. « Si tu veux servir Dieu, lui dit-il, tu dois servir ton prochain, parce qu’en lui, tu dois voir l’image et la ressemblance de Dieu. » Puis il lui dit de retourner chez cet homme. « Si la maison est sale, ajouta-t-il, nettoie-la; si cet homme, qui est ton frère, n’est pas propre, lave-le; s’il a faim, nourris-le. Ne reviens pas avant d’avoir fait tout cela. » ‘Abdu’l-Bahá avait déjà fait toutes ces choses plusieurs fois pour cet homme. Elle devrait pouvoir les faire une fois, dit-il. Et c’est ce qu’elle fit.

Adapté de H. M. Balyuzi, ‘Abdu’l-Bahá : Le Centre de l’alliance de Bahá’u’lláh, p. 176-177


‘Abdu’l-Bahá dit un jour : « Si tu es endormi, réveille-toi! Si tu es éveillé, ne reste pas couché, assieds-toi! Si tu es assis, lève-toi! Si tu es debout, marche! Si tu marches, cours! » C’est un processus que Dieu veut nous voir suivre. Il ne dit pas : Si tu es endormi, cours! Petit à petit, pas à pas, nous changeons.

Traduit de ‘Alí Nakhjavání, Shoghi Effendi: Author of Teaching Plans, p. 86-87


La plupart des convives de ce déjeuner connaissaient quelque peu l’histoire de ‘Abdu’l-Bahá et s’attendaient probablement à entendre un exposé sur la cause bahá’íe. L’hôtesse avait proposé au Maître de leur parler de l’immortalité. Cependant, le repas se déroulait sans que la discussion s’écarte des banalités qu’échangent habituellement les gens du monde. L’hôtesse ménagea donc à ‘Abdu’l-Bahá ce qu’elle croyait être une ouverture qui lui permettrait d’aborder des questions spirituelles. Le Maître demanda plutôt la permission de raconter une histoire, et il relata un des très nombreux contes orientaux qu’il connaissait. À la fin du récit, tout le monde riait de bon cœur.

La glace était brisée. D’autres convives racontèrent à leur tour des histoires que l’anecdote du Maître leur avait rappelées. Alors, ‘Abdu’l-Bahá, le visage rayonnant de bonheur, raconta une autre histoire, puis une autre encore. Son rire résonnait dans la pièce. Il dit que les Orientaux connaissaient beaucoup de ces anecdotes illustrant certains aspects de la vie et qu’elles étaient souvent pleines d’humour. « Il est bon de rire, ajouta-t-il, le rire est une détente spirituelle. Quand nous étions en prison, soumis aux pires épreuves et privations, le soir, chacun de nous devait raconter l’événement le plus cocasse de la journée. C’était parfois difficile d’en trouver un, mais nous finissions toujours par rire aux larmes. Le bonheur ne dépend jamais de notre environnement matériel. S’il en avait été ainsi, comme ces années auraient pu être tristes! En réalité, elles se sont toujours déroulées dans la joie et le bonheur parfaits. »

Il ne fit d’allusion plus directe ni à lui-même ni aux préceptes divins mais, avant que les invités ne se dispersent, il régnait une atmosphère de recueillement et de révérence qu’aucune dissertation savante n’aurait pu créer.

Après le départ des convives, au moment de regagner son hôtel, ‘Abdu’l-Bahá s’approcha de la maîtresse de maison et, avec un petit sourire pensif (un peu, disait-elle, comme un enfant qui cherche l’approbation), il lui demanda si elle était contente de lui.

Elle n’a jamais pu parler de comment s’est conclue cette soirée sans une vive émotion…

Adapté de Howard Colby Ives, Les voies de la liberté, p. 112-113


Une prière de ‘Abdu’l-Bahá

Ô Dieu, mon Dieu! Donne-moi à boire à la coupe de tes dons et illumine mon visage de la lumière de la providence. Fais que je suive avec constance le chemin de la loyauté, aide-moi à être fidèle à ta puissante alliance et permets que je sois compté parmi tes serviteurs choisis. Ouvre-moi les portes de l’abondance, accorde-moi la délivrance et, grâce à des moyens que je ne peux imaginer, soutiens-moi par les trésors du ciel. Souffre que je tourne mon visage vers ta générosité et que je te sois entièrement dévoué, ô toi qui es miséricordieux et compatissant! En vérité, tu es clément et généreux envers ceux qui restent fermement attachés à ton alliance. Toute louange à Dieu, le Seigneur des mondes!

Rencontres avec ‘Abdu’l-Bahá

Lisez ici des prières et des histoires sur l’exemple donné par ‘Abdu’l-Bahá