Les bahá’ís d’Amérique du Nord espéraient depuis longtemps la venue de ‘Abdu’l-Bahá et priaient pour que ses voyages le conduisent en Occident. Lorsqu’il arriva finalement, le 12 avril 1912, ‘Abdu’l-Bahá leur dit :

« À mon arrivée aujourd’hui, bien que fatigué par le voyage, je souhaitais ardemment vous voir et je n’ai pu résister à cette rencontre. Maintenant que je suis parmi vous, toute ma lassitude a disparu, car vous rencontrer est source de bonheur spirituel.

J’étais en Égypte et je ne me sentais pas bien; mais je souhaitais venir vous voir en Amérique. Mes amis m’ont dit : ‘C’est un long voyage, l’océan est vaste, vous devriez rester ici.’ Mais plus ils insistaient et me conseillaient de rester, plus je désirais faire ce voyage, et maintenant je suis venu en Amérique pour rencontrer les amis de Dieu. Ce long voyage montrera à quel point je vous aime. Il y a eu beaucoup de difficultés et de vicissitudes, mais à la pensée de vous rencontrer, toutes ces choses ont disparu et été oubliées…

Je suis très heureux de vous voir tous ici aujourd’hui. Loué soit Dieu! vos visages brillent de l’amour de Bahá’u’lláh. Les regarder procure un grand bonheur spirituel. Nous nous retrouverons tous les jours chez les amis.

En Orient, les gens me demandaient : ‘Pourquoi entreprenez-vous ce long voyage? Votre corps ne peut pas endurer les conditions éprouvantes d’un tel voyage.’ Quand c’est nécessaire, mon corps peut tout endurer. Il a résisté à quarante ans d’emprisonnement et peut encore subir les plus grandes épreuves.

Je vous reverrai. Je vais maintenant saluer chacun d’entre vous personnellement. J’espère que vous serez tous heureux et que nous pourrons nous rencontrer maintes et maintes fois. »

Adapté de H. M. Balyuzi, ‘Abdu’l-Bahá : Le Centre de l’alliance de Bahá’u’lláh, p. 157


May Bolles Maxwell, enseignante et administratrice de la foi bahá’íe, a été l’une des premières personnes d’Occident à se rendre en Terre sainte en 1898-1899 pour y rencontrer ‘Abdu’l-Bahá. Elle épousa plus tard William Sutherland Maxwell, un célèbre architecte canadien, et le couple s’installa à Montréal.

May Maxwell avait rêvé d’accueillir ‘Abdu’l-Bahá dans leur maison pendant sa visite en Occident. Cependant, elle savait que son mari, en raison de sa mentalité conservatrice, pourrait initialement se montrer réticent à lancer une telle invitation à ‘Abdu’l-Bahá; elle n’insista donc pas. Sutherland dut sentir sa déception. Deux jours avant l’arrivée de ‘Abdu’l-Bahá à Montréal, il changea d’avis. Selon leur fille, Rúḥíyyih Khánum :

« Quand ‘Abdu’l-Bahá consentit à venir à Montréal et que les dispositions furent prises, mon père expliqua à ma mère qu’il serait bien sûr leur invité, mais que, comme il ne voulait pas recevoir le Maître dans sa maison, il lui réserverait une suite à l’hôtel Windsor. Toute sa réserve d’Écossais le faisait hésiter à cause de la publicité et des projecteurs qui seraient braqués sur lui en tant qu’hôte d’un invité qui attirerait beaucoup d’attention […] Mère avait le cœur brisé, mais elle ne protesta pas, comprenant peut-être qu’on ne peut débattre de telles choses et qu’elles doivent venir du cœur. La veille de l’arrivée prévue de ‘Abdu’l-Bahá, mon père se précipita dans la chambre de ma mère. C’était la plus grande des chambres; elle donnait sur le jardin et avait trois fenêtres en baie. Regardant ses meubles d’un œil critique, il déclara : « Ceci n’est pas assez bien pour ‘Abdu’l-Bahá. Je cours de ce pas chez Morgans pour acheter un nouvel ensemble », et il se précipita pour acheter immédiatement et faire livrer un lit, une coiffeuse et des chaises de style Louis XV peints en blanc. On ne peut qu’imaginer la joie immense qu’elle éprouva en voyant que son mari avait, de son propre chef, ressenti le désir de recevoir le Maître sous son toit. Il alla lui-même accueillir le Maître au train et le pria d’accepter son hospitalité […]

À la clarté éclatante d’une lune d’été, ‘Abdu’l-Bahá est arrivé, le vendredi 30 août […] quand il est entré dans la maison [des Maxwell] sur l’avenue des Pins, plusieurs voisins observaient la scène de leurs fenêtres, pour entrevoir ce majestueux personnage vêtu de blanc […] dont la presse avait si éloquemment annoncé la venue. »

Le merveilleux séjour du Maître à Montréal s’acheva le lundi 9 septembre 1912. Son départ marquait la création d’un sanctuaire dans cette ville, et le commencement d’une nouvelle ère spirituelle dans l’histoire du Canada.

Cette visite fut un grand honneur pour le Canada et la ville de Montréal – cette ville dont ‘Abdu’l-Bahá a dit : « J’espère [donc] que Montréal sera un jour si animée que la mélodie du Royaume parviendra de ce dominion à toutes les régions du monde, et que le souffle de l’Esprit saint se répandra de cette ville vers l’est et l’ouest de l’Amérique1. »

Traduit de Violette Nakhjavání, The Maxwells of Montreal: Early Years 1870-1922, p. 278-284

1- ‘Abdu’l-Bahá, « Tablette aux bahá’ís du Canada et du Groenland, le 21 février 1917 », dans Les tablettes du plan divin, p. 74


Un après-midi, le Maître se promena en voiture dans Montréal. En arrivant à la cathédrale catholique romaine de Notre-Dame (Marie-Reine-du-Monde), ‘Abdu’l-Bahá dit qu’il aimerait la visiter. Le calme y régnait; il n’y avait personne. Le Maître descendit de la voiture et entra dans l’immense édifice. Après avoir marché dans l’église, il fit remarquer que cette église se trouvait au Canada, très loin de l’endroit où le christianisme était apparu, et ce, grâce aux sacrifices des premiers chrétiens qui avaient parcouru le monde pour répandre leur foi.

Au moment de quitter Montréal, ‘Abdu’l-Bahá dit : « Le voyage n’a duré que quelques jours mais, dans le futur, il produira des retombées inépuisables1. »

Plus tard, ‘Abdu’l-Bahá mentionna : « Plusieurs m’ont déconseillé de me rendre à Montréal […] Mais ces commentaires n’ébranlèrent en rien la résolution de ‘Abdu’l-Bahá. Plaçant sa confiance en Dieu, il a tourné son regard vers Montréal. En entrant dans cette ville, il a trouvé toutes les portes ouvertes et les cœurs extrêmement réceptifs, et il a constaté que le pouvoir absolu du royaume divin écartait tout obstacle. »

Et il ajouta : « Je le répète, l’avenir du Canada est très grand, tant dans le domaine matériel que dans le domaine spirituel2. »

Traduit de Earl Redman, ‘Abdu’l-Bahá in Their Midst, p. 180-183

1- ‘Abdu’l-Bahá, « Tablette aux bahá’ís du Canada et du Groenland, le 21 février 1917 », dans Les tablettes du plan divin, p. 74

2- ‘Abdu’l-Bahá, « Tablette aux bahá’ís du Canada et du Groenland, le 21 février 1917 », dans Les tablettes du plan divin, p. 74


Alfred James Loft (1908-1973) a été le premier Canadien de la nation mohawk à devenir bahá’í. Dans son plus vieux souvenir d’enfance, il est assis sur une clôture près de sa maison (à Oshawa, en Ontario) et regarde passer un train. Un personnage vêtu d’un long manteau blanc est dans le train et lui sourit et lui fait un signe de la main. Surpris et confus, Jim tombe à la renverse. Lorsqu’il a découvert la foi bahá’íe en 1948, il a reconnu le personnage du train comme étant ‘Abdu’l-Bahá, qui avait quitté Montréal le 9 septembre 1912 dans un train à destination de Toronto, où il avait changé de train pour aller à Buffalo, dans l’État de New York. En 1949, obéissant aux souhaits du Gardien, Jim est retourné, avec sa famille, chez les Mohawks de la baie de Quinte (Tyendinaga) pour établir la Foi parmi son peuple. Il y est resté jusqu’à sa mort.

Traduit de Roger White, The Witness of Pebbles, p. 24


Une prière de ‘Abdu’l-Bahá

Ô Dieu, mon Dieu, tu vois ce faible implorant la puissance céleste; ce pauvre aspirant aux trésors divins; cet assoiffé désirant ardemment boire à la fontaine de vie éternelle; cet affligé souhaitant la guérison promise qu’en ton infinie miséricorde, tu as destinée à tes serviteurs élus dans ton royaume céleste.

Ô Seigneur, je n’ai d’autre secours que toi, d’autre refuge que toi ni d’autre soutien que toi! Avec le concours de tes anges, aide-moi à diffuser tes saints parfums et à propager tes enseignements auprès des élus parmi ton peuple.

Ô mon Seigneur, permets que je me détache de tout sauf de toi, que je m’accroche au pan du vêtement de ta générosité, que je sois entièrement dévoué à ta foi, que je demeure ferme dans ton amour et que j’observe ce que tu as prescrit dans ton Livre.

En vérité, tu es le Puissant, le Fort, l’Omnipotent.

Rencontres avec ‘Abdu’l-Bahá

Lisez ici des prières et des histoires sur l’exemple donné par ‘Abdu’l-Bahá