Cette scène se reproduit presque quotidiennement dans les rues de ‘Akká… Dans la saison froide qui approche, les pauvres gens vont souffrir car, comme dans toutes les villes, ils n’ont pas de vêtements chauds. Certains jours, pendant l’hiver, on peut en effet voir les pauvres de ‘Akká se rassembler dans une des boutiques de vêtements où ‘Abdu’l-Bahá offre à chacun un manteau. ‘Abdu’l-Bahá pose lui-même le manteau sur les épaules d’un grand nombre d’entre eux, en particulier ceux qui sont le plus handicapés, il ajuste le manteau de ses propres mains et le palpe d’un geste approbateur, avec l’air de dire : « Voilà! Maintenant, vous serez bien. » Il y a cinq ou six cents pauvres à ‘Akká et, tous les ans, il offre un manteau à chacun.

Il ne s’occupe pas seulement des mendiants. Aux pauvres qui ne peuvent mendier et doivent souffrir en silence – à ceux dont le labeur quotidien ne suffit pas à subvenir aux besoins de leur famille – à ceux-là, il envoie secrètement du pain.

S’il apprend que quelqu’un est malade dans la ville – qu’il soit musulman ou chrétien, ou de toute autre confession, peu importe –, chaque jour, il est à son chevet, ou lui envoie un messager de confiance. S’il faut un médecin et que le patient est pauvre, il en emmène ou en dépêche un, avec les médicaments nécessaires. Si un toit fuit ou une fenêtre est cassée et menace la santé, il convoque un ouvrier et s’assure lui-même que la brèche est réparée. Si quelqu’un a des ennuis, si un fils ou un frère est jeté en prison, poursuivi en justice ou fait face à un problème trop grave pour lui, c’est au Maître qu’il s’adresse aussitôt pour trouver aide ou conseil. En effet, riches comme pauvres, tous se tournent vers lui pour bénéficier de ses conseils.

Cet homme qui donne si généreusement doit être riche, vous dites-vous? Non, loin de là. Sa famille fut jadis la plus riche de toute la Perse. Mais, comme le Galiléen, cet ami des humbles a subi l’oppression des puissants. Pendant cinquante ans, lui et sa famille ont été exilés et prisonniers. Leurs biens ont été confisqués et dilapidés, et il ne lui reste que bien peu de choses. Maintenant qu’il n’a plus grand-chose, il lui faut dépenser peu pour lui-même afin de pouvoir donner davantage aux pauvres. Ses vêtements sont généralement faits de coton, et les moins chers possible. Souvent, ses amis en Perse – car cet homme est vraiment riche en amis… – lui envoient des vêtements coûteux. Il les porte une fois, par respect pour l’expéditeur, puis il les donne.

Tel est Abbas Effendi, le Maître de ‘Akká.

Traduit de Jonathan Menon, “‘Abdu’l-Bahá, aka ‘The Master’”, 239 days.org


Alors qu’il était prisonnier à ‘Akká, ‘Abdu’l-Bahá donnait souvent son lit à ceux qui n’en avaient pas et il refusait toujours de posséder plus d’un manteau. « Pourquoi en aurais-je deux, disait-il, quand tant de gens n’en ont aucun? »

Un jour, ‘Abdu’l-Bahá devait recevoir le gouverneur de ‘Akká. Munírih, l’épouse de ‘Abdu’l-Bahá, trouvait que son vieux manteau ne convenait pas pour cette occasion importante. Elle souhaitait vraiment que ‘Abdu’l-Bahá ait un plus beau manteau, mais il n’accordait aucune attention aux vêtements qu’il portait tant qu’ils étaient propres. Elle se demandait ce qu’elle devait faire.

Elle décida finalement de lui faire confectionner un manteau neuf. Le matin de la visite, elle allait tout simplement remplacer l’ancien manteau par le nouveau. Elle était convaincue que ‘Abdu’l-Bahá ne s’apercevrait pas de la substitution. Elle fit donc fabriquer un manteau très beau et assez cher par un tailleur. Le jour de la visite venu, elle plaça le manteau là où ‘Abdu’l-Bahá pourrait le trouver.

Mais lorsque ‘Abdu’l-Bahá commença à s’habiller, il remarqua immédiatement que quelque chose n’allait pas. Cherchant partout dans la maison, il demanda : « Où est mon manteau? Où est mon manteau? Quelqu’un m’a laissé un manteau et ce n’est pas le mien! »

Munírih essaya d’expliquer ce qui s’était passé, mais ‘Abdu’l-Bahá, qui faisait toujours passer les besoins des autres avant les siens, lui dit : « Mais penses-y! Pour le prix de ce manteau, tu peux acheter cinq manteaux comme celui que je porte d’habitude, et crois-tu que je dépenserais autant d’argent pour un manteau que je serais le seul à porter? Si tu crois que j’ai besoin d’un manteau neuf, c’est très bien, mais retourne celui-ci et demande au tailleur de me confectionner, pour le même prix, cinq manteaux semblables à celui que je porte d’habitude. Ainsi, tu vois, non seulement j’aurai un nouveau manteau, mais j’en aurai aussi quatre à donner. »

Traduit de Mary Hanford Ford, The Oriental Rose, p. 164-165


Deux dames d’Écosse m’avaient écrit (je recevais ‘Abdu’l-Bahá chez moi, en Angleterre) pour demander s’il lui serait possible de leur consacrer une soirée. Elles acceptèrent mon invitation à dîner et arrivèrent directement de la gare de train. Comme elles devaient rentrer chez elles le soir même, chaque moment était précieux.

Le Maître les accueillit avec sa chaleur habituelle, et elles répondirent – plus spontanément que consciemment – en faisant des courbettes plus respectueuses que si elles avaient été en présence des grands personnages de ce monde. L’excitation était à son comble à la perspective d’une soirée merveilleuse, que rien ne viendrait perturber puisque seuls les amis les plus intimes et les plus compréhensifs étaient présents.

Une demi-heure à peine s’était écoulée lorsque, à notre grand désarroi, un homme obstiné a écarté les serviteurs et fait irruption parmi nous. Il s’est assis et a allumé une cigarette sans y être invité. Il a commencé à dire qu’il avait l’intention d’écrire un article sur ‘Abdu’l-Bahá pour un journal quelconque, lui demandant avec arrogance de lui fournir « quelques observations convaincantes, quelques éléments… ». Il parlait sans s’arrêter, d’une manière fort impolie.

Nous étions bouche bée devant l’intrusion de cet enquiquineur insupportable, et tout à fait désagréable, qui gâchait ce précieux moment.

Alors, ‘Abdu’l-Bahá s’est levé et, faisant signe à l’homme de le suivre, il s’est rendu dans son salon privé.

Nous nous sommes regardés. L’importun était parti, oui, mais hélas! le Maître aussi! En tant qu’hôtesse, j’étais troublée et perplexe. Que faire? Je me suis alors rendue à la porte de la salle d’audience et j’ai dit au secrétaire : « Ayez l’amabilité de dire à ‘Abdu’l-Bahá que les dames avec qui le rendez-vous avait été fixé l’attendent. »

Je suis retournée auprès des invités et nous avons attendu la suite.

Presque immédiatement, nous avons entendu des pas dans le couloir. Ils ont traversé le hall jusqu’à la porte. Les mots d’adieu nous sont parvenus. Puis la porte s’est refermée, et le Bien-Aimé est revenu.

« Oh, Maître! », avons-nous dit.

S’arrêtant près de la porte, il nous a regardés tour à tour, d’un regard profond et grave. « Vous mettiez ce pauvre homme mal à l’aise, en désirant le voir partir; je l’ai emmené pour qu’il se sente heureux. »

Vraiment, les pensées et les manières de ‘Abdu’l-Bahá étaient très éloignées des nôtres!

Traduit de Lady Blomfield, The Chosen Highway, p. 162-163


Ne soyez satisfaits que lorsque chacun de ceux dont vous vous préoccupez sera pour vous comme un membre de votre famille.

‘Abdu’l-Bahá


Dès son enfance, ‘Abdu’l-Bahá était naturellement généreux. On raconte que le jeune Abbas Effendi se rendit dans les montagnes pour voir les milliers de moutons que son père possédait alors. Les bergers, désireux d’honorer leur jeune invité, lui offrirent un festin. Avant que Abbas ne soit ramené chez lui à la fin de la journée, le chef des bergers l’informa qu’il était d’usage, dans ces circonstances, de laisser un cadeau aux bergers. Abbas répondit à l’homme qu’il n’avait rien à donner. Mais le berger insista et dit qu’il devait donner quelque chose. Sur quoi le Maître leur offrit tous les moutons.

On dit que lorsque Bahá’u’lláh a entendu parler de cet incident, il a ri et dit : « Nous devrons protéger ‘Abdu’l-Bahá de lui-même – un jour, il se donnera lui-même! »

Traduit de Annamarie Honnold, Vignettes from the Life of ‘Abdu’l-Bahá, p. 58


Une prière de ‘Abdu’l-Bahá

Ô toi, Seigneur compatissant, toi qui es généreux et puissant! Voici tes serviteurs réfugiés sous l’aile de ta providence. Pose sur nous un regard indulgent. Dessille nos yeux, purifie nos oreilles et ouvre nos cœurs à la compréhension et à l’amour. Que tes bonnes nouvelles apportent joie et bonheur à notre âme! Ô Seigneur, montre-nous la voie vers ton royaume, ranime-nous par le souffle de l’Esprit saint. Accorde-nous la vie éternelle, et confère-nous un honneur sans fin. Unifie le genre humain, éclaire le monde de l’humanité. Puissions-nous tous suivre ton chemin, désirer ton bon plaisir, et rechercher les mystères de ton royaume! Ô Dieu, unis-nous et relie nos cœurs de ton lien indissoluble. En vérité, tu es le Dispensateur, tu es le Bienveillant, tu es le Tout-Puissant.

Rencontres avec ‘Abdu’l-Bahá

Lisez ici des prières et des histoires sur l’exemple donné par ‘Abdu’l-Bahá